samedi 25 mars 2017

On reprend du service

Je m’étais faite à l’idée que peut-être ce blog avait fait son temps, un livre ouvert sur quatre fabuleuses années à l’étranger. 

En 2016, j’ai choisi de mettre ces écrits entre parenthèses, la photographie aussi d’ailleurs, pour me concentrer sur moi. Je ne ressentais plus le besoin d’écrire ni même l’envie de prendre des clichés.  Ne voyez pas ceci comme quelque chose de négatif, simplement une période différente de notre vie et des besoins orientés vers d’autres choses. Pour les proches qui lisent cet article vous aurez déjà bien compris ce qui a fait changer la donne. Pour les lecteurs que je ne connais pas, et j’ose croire qu’il en existe encore, vous comprendrez plus tard les circonstances de mon absence prolongée.

Et puis en cette soirée de mars je reçois un email. J’ai un nouveau commentaire sur mon dernier article qui me demande à quand le come back ? C’est drôle car ces derniers mois j’ai souvent pensé à ouvrir une page word et tapoter un peu. Mais vous savez quand l’inspiration ne vient pas, quand ce que vous écrivez sonne comme du déjà vu et ne reflète en fait pas ce qui vous importe vraiment sur le moment. Car nous n ‘étions pas reclus au fin fond du grand nord québécois. Nous sommes toujours à Montréal, avec une vie active et des anecdotes qui auraient probablement values le coup d’être racontées. Bref voilà que je lis cet email et effectivement je me dis que le moment est peut-être venu de prendre le temps d’écrire un peu, sans pression, lorsque l’envie viendrait. Cette personne a tiré ma sonnette d’alarme. C’est drôle parce que cette amie m’a elle-même donné le goût de démarrer ce blog avant notre départ. Elle écrit aussi sur des choses et d’autres de la vie. Sa plume m’a toujours fait rire et la lire me faisait du bien.

Alors me revoici. Je ne m’engage pas à revenir sur les chapeaux de roues. J’espère que ce désir d’écrire me reprendra plus souvent. Si je trouvais le temps je retravaillerais l’allure du blog avec wix.com par exemple histoire qu’il ressemble davantage à un site internet qu’à un skyblog. Ma volonté la plus chère serait de le retranscrire sur papier tel un livre ou un magazine. Si quelqu’un voulait s’investir dans un tel projet je suis d’ailleurs prête à mettre la main au porte-monnaie. Bref, c’est une autre histoire.

Par où commencer ? En 2016, je suis devenue maman. Nous sommes devenus parents, nous avons fondé une famille. Je me répète mais ça me fait du bien de poser des mots sur ces nouveaux rôles. Contrairement à ce qu’on me disait, ce n’est pas forcément le temps qui m’a fait défaut. On s’entend qu’un gros ventre n’empêche pas de vivre. Cependant, ce changement intérieur peut quant à lui bouleverser un soi plus profond. La grossesse change les goûts, l’énergie mais aussi les envies. Aucun aliment ne me déplaisait. Par contre, je ne pouvais plus avaler de mots ni même voir en peinture mon appareil photo. Et puis avec la venue de notre fille, j’ai effectivement moins de temps et peut-être moins d’occasions de sortir mon kodak. Toutefois, j’ai une frimousse qui change tous les jours et qui mérite d’être immortalisée. Alors au fils des mois, et elle en a maintenant sept, je me suis réconciliée avec mon Nikon. J’ai reçu un nouvel objectif pour Noël par Etienne qui voulait stimuler mon retour derrière l’appareil et il a bien fait ! Quant à l’écriture, j’essayais de ne pas perdre le fils en tenant divers albums pour mon bébé. Une narration qui, je pense, offrira de beaux souvenirs à toute la famille. Tout ça finalement pour vous raconter mon expérience de jeune maman, et j’ai pas mal de choses à dire.

La bonne nouvelle est rapidement tombée. Nous faisons partie de ces personnes chanceuses dans leur désir de concevoir. Le premier trimestre n’a pas été le plus épanouissant. L’hiver bat son plein, je suis fatiguée, je prends des comprimés contre les nausées, j’ai fait un tour aux urgences et surtout je dois garder ce secret. Avec la distance et les risques des premières semaines, nous avons préféré rester discrets. Seuls nos amis proches étaient informés. Nos familles ont appris la nouvelle le jour de la fête des grands-mères, provoquant ainsi une ribambelle d’émotions malgré le côté virtuel de l’annonce. Hallelujah, arrive le temps de la première échographie et des tests en tous genres. Une excitation incroyable mais surtout un soulagement. Le bébé semble en bonne santé ce qui est une agréable entrée en matière dans le second trimestre.

Les trois mois suivants sont les plus relax. J’enfile mes premiers pantalons de maternité histoire d’être à l’aise et laisser pousser cette bedaine. La forme revient même si je ne cours pas le marathon. Mon corps change et je me sens bien. On me laisse même la place dans le métro, une consécration. Nous pouvons enfin nous projeter et commencer à rêvasser au sujet de la chambre, des futurs achats et surtout des prénoms. Je ne vous parle par des premiers coups. On aurait dit deux enfants qui mettaient les pieds pour la première fois dans la mer. Un des plus beaux souvenirs de cette grossesse d’ailleurs. La seconde échographie nous confirme que nous aurons une fille. Ce n’est pas comme si j’avais ma liste de prénoms depuis mes 18 ans. J’étais prête. Et depuis notre période d’essai bébé j’avais ce prénom qui ne s’en allait pas de ma tête : Éléonore. Pourtant, dans mon idéal, j’envisageais d’abord un garçon puis une fille.  Et devinez comment s’appelle ma fille ? Nous avons bien essayé de trouver autre chose, surtout Etienne, mais mon coup de cœur l’a finalement emporté. Bref, la chose la plus stressante à cette période était de trouver un logement plus grand pour accueillir la nouvelle venue. Pour la grossesse, rien à redire. Nous avons eu de la visite et nous sommes même allés à New York. L’été bat son plein, la vie est belle quoi.

Et puis voici venir le dernier round. La fatigue et les stressants projets au travail l’emportent sur ma motivation. Dehors il fait chaud, Dieu merci nous avons la clim. En résumé, mon esprit est au parc du coin et se porte plus sur la planification du weekend que sur mes meetings de l’après-midi. Il devrait exister un atelier « sieste et digestion » pour toutes les mamans dans leur troisième trimestre. L’heure est aux photos de bedaine que nous avons faites dans les ruelles de Montréal avec l’inspirante artiste cachée derrière Bodoüm Photographie. Je compte les jours et bizarrement je n’appréhende pas encore tant que ça le jour J. Il faut dire que je me suis mise en condition en regardant tous les épisodes de baby boom, ces reportages sur les accouchements en immersion en salle de travail avec ces femmes aux parcours et grossesses tous différents. Une manière intelligente de vulgariser le vocabulaire médical, de dédramatiser les différentes situations d’accouchement, de regarder d’un œil réaliste les différentes étapes du travail et surtout de mieux comprendre les risques d’un tel événement. Non je vous confirme ce n’est pas comme dans les films ! Et puis arrive cette troisième échographie qui n’est pas obligatoire au Québec mais en bonne française moi je souhaite absolument la faire. Je veux vérifier que tout est en place pour la dernière ligne droite et avec un peu de chance je verrai son visage en 3D. Manque de bol, ce sera ni l’un ni l’autre. Madame ne voulait pas retirer les mains de son visage et on décèle un RCIU ou retard de croissance intra-utérin. Bébé est en bonne santé mais il est trop petit. Peut-être n’a-t-elle pas encore eu de poussée de croissance ? Je dois être surveillée de près et surtout je dois me ménager, chose que je ne sais pas faire dans le genre je ne m’arrête jamais. Quand il faut il faut, j’apprends à lever le pied. J’ai un homme en or alors je serais bête de ne pas en profiter. Trois semaines plus tard j’obtiens enfin mon rendez-vous en clinique GARE ou grossesse à risque. Ce mot là, personne ne l’aime. Je ne voulais pas l’entendre même si au fond de moi je sentais que quelque chose ne tournait pas rond. La mesure de mon ventre était en dessous des normales et les estimations de taille et poids du bébé aussi. Lors de la consultation on me met sous monitoring. Je profite de ses petits battements de cœur pendant près d’une heure avant d’être vue pour une nouvelle échographie. Le verdict m’assomme. La petite n’aurait pas grandi depuis le dernier contrôle. Malheureusement, il ne faut pas risquer de la laisser s’affaiblir, je dois accoucher demain ! Bruit sourd, tout s’arrête autour de moi… Vous savez quand des connaissances me disaient : « moi c’est prévu par césarienne telle date ». Je ne concevais pas comment on pouvait se coucher un soir en se disant ça y est demain je serai maman. C’était inimaginable. Me voici donc les deux pieds dans le plat. Tu t’attends à tout sauf à ça. L’angoisse est tellement forte que je refuse de l’annoncer moi-même à ma propre mère. On est six semaines trop tôt et je ne connais pas l’état de santé de ma fille. Je ne suis même pas en arrêt de travail. J’avais tant de choses de prévues avant que cela n’arrive. Une chance que j’étais prête à la maison, car dans la tête je pense que peu importe les conditions on n’est jamais réellement prête. En plus, je suis seule lorsque l’on m’annonce la couleur. Etienne vient me rejoindre aussitôt à l’hôpital où l’on nous explique le déroulement de la journée de demain, les procédures, les risques. Le personnel est franchement sympathique mais je suis sur une autre planète, dans une galaxie appelée panique. On me dit de rentrer chez moi, de préparer mon sac et surtout de me reposer. Quelle blague ! Comment pourrais-je dormir… J’ai réussi à fermer l’œil quelques heures histoire de mettre toutes les chances de mon côté. J’ai toujours pensé que les heures précédant un examen ou un concours étaient les plus insupportables, je sais maintenant que j’avais tord. Tôt le lendemain, le trajet pour l’hôpital est interminable. Sur place j’ai la chance d’être accompagnée par d’excellentes infirmières et d’avoir Etienne pour gérer la salle de presse. Autrement dit la famille qui avait été en partie informée de la situation. On me déclenche le travail vers 10h et j’accouche à 19h02, par voie basse, avec une péridurale pas très franche, Etienne à ma droite, mon amie Pascale à ma gauche, une flopée de médecins dans la salle et son conjoint et ami Claudio derrière la porte. À cette heure précise nous sommes parents d’une petite fille de 1,630kg pour 42cm. Elle pleure, elle respire, la terre s’arrête de tourner, notre plus grand bonheur a vu le jour dans de bonnes conditions. Pour résumer, nous avons eu une fille prématurée en parfaite santé, ayant séjourné deux longues semaines en pouponnière avant de rentrer fièrement chez elle. Une petite tough comme ils l’appelaient là bas. Un parcours sans faute malgré son mini format. Je me souviens lors de mon passage aux urgences lorsque le médecin nous disait que la grossesse est un miracle de la vie et qu’il faut se réjouir de chaque victoire. C’est alors que ces paroles ont pris tout leur sens. En quittant l’hôpital, on nous a rappelé que nous avions une petite battante. Quelques mois plus tard, je peux le confirmer. Avec un caractère bien trempé et de l’énergie à revendre, nous sommes, comme tous les parents, les plus heureux qu’il soit.

Je vous ai dévoilé un peu de mon intimité en amont car je suis certaine qu’on est maman avant de mettre au monde son bébé et que cette expérience a forgé la mère que je suis aujourd’hui. Je savais que devenir parents serait probablement la chose la plus difficile dans ma vie mais je ne pouvais pas réaliser en quoi ça le serait. Les expériences sont propres à chacun et même si l’on se reconnaît au travers les récits de l’une ou l’autre, je crois que chaque étape ne peut être préparée ou catégorisée, que ce soit pour une première grossesse ou celles qui suivent. La beauté de cette tranche de vie et ce qui la rend aussi effrayante est le sentiment d’inconnu qu’elle nous offre. On a beau porter notre enfant pendant neuf mois, le sentir, lui parler, l’imaginer, nous rencontrons une nouvelle personne, un inconnu. Nous l’avons façonné de toute pièce et pourtant il faut l’apprivoiser, aller au delà de l’idée que nous nous en étions faite pour découvrir l’individu qui se cache en lui, en elle. En ce sens, cette rencontre fut pour moi la plus belle chose au monde et nous n’en sommes qu’à nos débuts, c’est juste magique. Depuis lors, j’ai compris la véritable signification de l’amour inconditionnel.

Je suis fière d’être femme, maman, et de faire partie de ma propre famille. Tout cela ne serait pas possible sans un homme, un père, un partenaire, un complice que je remercie chaque jour d’avoir choisi d’occuper tous ces rôles à mes côtés malgré mon caractère parfois imbuvable. Il est primordial que je parle de mon conjoint, mon futur mari. C‘est vrai ça, je ne vous ai pas dit que nous nous étions fiancés cet hiver à Rome. Nous formons un couple depuis 14 ans maintenant. Nous avons grandi ensemble, traverser des étapes fondamentales de la vie tous les deux. La mer n’a pas toujours été calme mais nous avons su rebondir face à certaines vagues qui fouettent en pleine face. Nous avons eu la chance de monter à bord du même navire, avec pour objectif la même destination. Le périple est loin d’être terminé et nous apprécions chaque escale que nous faisons. Il m’a ainsi fallu très peu de temps pour me rendre compte que la solidité du couple est un point essentiel à la construction d’une famille. En une moitié d’année, Éléonore est devenue la préoccupation numéro une de nos vies respectives et je pense qu’elle le restera toujours, de manière différente au fil du temps. On est peut-être novices mais nous pouvons d’ores et déjà dire que la force des parents repose sur leur cohésion et leur soutien l’un envers l’autre. La notion de compromis est encore plus présente. Le dialogue est essentiel. Alors je ne vous ferai pas miroiter non plus. J’ai bien plus crié sur Etienne ces sept derniers mois que ces deux dernières années car la fatigue et les hormones n’aident pas les femmes en ces débuts difficiles mais c’était souvent pour le mieux. Nous communiquons. Certes en criant parfois, mais je sais que ça passera et qu’au final on se dit les choses malgré tout. Et je ne veux pas faire l’apologie de mon homme mais je ne l’échangerais pour rien au monde. Je sais qu’on a tendance à dire que les hommes ne comprennent pas ce que nous les femmes vivons en tant que maman mais je pense qu’il essaie au moins. Et c’est déjà beaucoup. Car rappelons que l’homme n’a pas été fait pour assumer tout ce qu’une mère assume. On ouvrirait un débat sans fin sur l’égalité des sexes qui ne pourra jamais exister selon moi. Je m’égards mais mon point est le suivant. Je pense qu’il est louable lorsqu’un homme est à l’écoute, fait ce qu’il peut faire compte tenu de ce que la nature lui a offert, comme par exemple se lever la nuit et rester à mes côtés afin que je ne m’endorme pas pendant que je donne le sein. Ou encore qu’il m’offre son épaule pour pleurer alors que mes hormones ont totalement pris le dessus et que je ne sais même plus pourquoi les larmes coulent sur mon visage. Qu’il soit plein de petites attentions et de mots gentils malgré ma dégaine de mère pas coiffée en pyjama. Et réciproquement, on parle toujours de galère de maman mais papa aussi a son lot de désagréments. Il peut parfois se sentir en retrait face à ca qui se passe entre une mère et son enfant. Penser à tord que nous comprenions mieux le bébé car nous l’avons fait. Un père a lui aussi des doutes et des questionnements et à juste titre après tout. Pour ma part, je tâche de garder ceci en tête lorsque je pense que seul mon petit monde est perturbé. Voilà où je voulais en venir lorsque je parlais de soutien. Pour le reste, il n’y a pas de mode d’emploi et je pense que si on le fait avec le cœur et un peu de bon sens, on deviendra de bons parents.  Et pourtant, si le challenge n’était qu’ici… Je suis persuadée que le plus gros défi est de garder son couple au même niveau que sa famille. Il est encore tôt pour parler de ça, nous n’avons qu’une fille, l’arrivée d’un autre enfant et la suite des évènements vont nous donner du fil à retorde comme tout le monde. Toutefois, je tâche de me rappeler que nous sommes amoureux avant tout et que nous ne devons pas oublier que nous sommes l’essence de cette famille, des racines qui l’alimentent en énergie positive. Tout part de là.

En bonne jeune maman, j’évoque sans grande surprise la question du sommeil. La durée de mes nuits s’était déjà réduite durant la grossesse, à croire qu’on se prépare doucement à accueillir la tornade bébé. Mais lorsqu’il s’agit de nourrir sa progéniture toutes les trois heures, on entre définitivement dans un combat sans fin contre les cernes. Pour moi, il était perdu d’avance. Même avec de l’entrainement, je ne passerai pas les qualifs. Vous connaissez le film Un jour sans fin ? C’est exactement ce que je pensais vivre. Ça ne s’arrêtera donc jamais ! Avec l’ultime apogée lorsqu’on me suggère de nourrir ma fille en plus petites quantités aux deux heures pour diminuer ses reflux. Autant vous dire qu’il ne reste plus grand temps pour faire autre chose ni même espérer un peu de repos. Je ne vous parle pas des douches express avec bébé qui attend impatiemment sur sa chaise haute, le regard disant : ramasse dont mes jouets au lieu de t’épiler les jambes. Je ne dramatise pas, je n’exprime que mon ressenti d’ancienne grosse dormeuse et de femme coquette. Mais fort heureusement cela n’a duré que deux mois, enfin je parle des nuits, les douches de ce genre, elles, dureront un bout. Ensuite on saute un repas la nuit. Une étape miraculeuse pour arriver aux alentours de trois mois à des nuits complètes, des vraies ! Certes ponctuées de réveils par-ci par-là mais le bonheur incommensurable de pouvoir enligner quelques heures de rêves profonds. Parce que bébé dort dans votre chambre et que bizarrement le black out de vos nuits d’avant s’est transformé en un radar à bruits. Et oui, j’écoute si elle respire, je me lève plusieurs fois pour vérifier. Les premières semaines riment avec paranoïa. Sept mois plus tard, je l’entends pleurer d’une oreille lorsqu’elle perd sa maudite sucette et je prie intérieurement pour qu’elle se rendorme par elle-même. Parfois je suis endormie avant elle le soir. Le mode mère indigne s’active peu à peu.

Je pourrais inlassablement continuer d’écrire à ce sujet. Cet enfant est mon centre du monde. Mon travail actuel est de l’aider à se développer dans sa première année de vie et aussi dur que ça puisse être au quotidien, je remercie le Québec d’offrir cette opportunité aux femmes, cette chance inouïe de profiter d’un temps de qualité et voir grandir son enfant. Certains jours pluvieux, le besoins d’utilité sociale peut refaire surface. Je ne me suis jamais projetée en femme au foyer. J’ai besoin de l’adrénaline de projets professionnels, même si je ne me définis pas à travers mon travail. Par contre, je ne serai pas contre l’idée d’un poste quatre jours semaine. Le Canada permet déjà d’avoir une bonne balance entre vie privée et vie professionnelle, voilà pourquoi nous n’avons pas hésité à fonder une famille ici. Et finalement je me rends compte que ma place est à la maison auprès d’elle et que je suis fière d’être présente à ses côtés. Ce temps est si précieux.

Pour résumer ma mince expérience de maternité, je dirais que nous vivons un tsunami d’émotions.  Une nouvelle forme d’amour que je ne saurais décrire verbalement, d’une intensité telle vous allez puiser au plus profond de vous même tout ce qu’il y a de bons à lui apporter, coûte que coûte. Une découverte au quotidien mais aussi des challenges, je pense notamment à l’allaitement où ce geste d’une beauté naturel devient une pression sociale. Beaucoup de rires et son lot de pleurs. Un renouveau de soi, forcément je ne suis plus la même personne. Mon corps a changé et mon âme est gravée d’un grand E à tout jamais. De la peur, imaginer que quoi que ce soit puisse arriver à son petit bout. D’autant plus que la nôtre est petite parmi les petits. Je touche du bois car elle n’en est pas moins forte mais un enfant prématuré paraît tellement fragile et le regard des autres n’est pas toujours simple. Dans notre cas, de la distance, avec nos proches, amis et familles. Nous sommes retournés deux mois en France, le plus beau cadeau de Noël qu’il soit, mais notre quotidien est ici. C’est dur pour eux, souvent pour nous aussi. Ma famille ne m’a même pas vu véritablement enceinte et certains ont attendu plus de trois mois avant de faire la rencontre d’Éléonore. On partage beaucoup grâce à la magie d’internet sans laquelle notre expatriation n’aurait probablement pas été possible. Ici nous sommes livrés à nous même. Pas de grands-parents pour nous garder bébé le samedi soir, ni d’après-midi chez tata, mais lorsqu’ils nous rendront visite ce sera comme s’ils ne s’étaient jamais quittés. Cette précieuse aide, nous avons choisi de ne pas l’obtenir et parfois oui c’est difficile mais nous n’en ressortons que plus forts.

Je ne suis ni la première ni la dernière à vous faire un topo sur la parentalité. Je passe moi-même beaucoup de mon temps à lire des blogs de mamans qui évoquent toutes sortes de sujets sur la vie de famille, des plus drôles, aux plus poignants.  Mais voilà, mon retour sur le blog méritait ce long discours, en tout cas j’en avais besoin. Et finalement, si je veux continuer à écrire, je vais forcément y intégrer mes anecdotes de mère, peut-être y consacrer plus de temps selon mes envies. Ce n’était pas le but premier de ma page mais ma vie a pris un nouveau tournant que je souhaite intégrer à mes petites chroniques. 

Voyons voir ce que les prochaines semaines m’inspireront.